Elle prit son envol

Elle prit son envol 

L'oiseau prit son envol. Adèle le regarda s'envoler. Et elle me dit :

“ Tu ne veux pas aller le rejoindre Lucile ? ”  

Elle avait un magnifique sourire aux lèvres. Un sourire magique. 

“ Non, Adèle, je ne veux pas. Pas maintenant. Plus tard, peut-être. ” 

“ Mais plus tard on ne le verra plus. ” 

On l’appelait L'Effrontée. Ma petite sœur était effrontée. C'est ce que tout le monde disait. A l'âge de treize ans, elle se mit en tête de jouer La Lettre à Elise. Elle n'avait aucune notion de musique, mais cette idée l'obstinait tellement, qu'elle y arriva. Elle fit le tour des salles de concerts de notre région. On la présentait comme une prodigue, tout droit sortie de nulle part. On disait d'elle qu'elle était notre nouveau petit Mozart, que cette fille était un ange. A l'une de ses représentations, Adèle rencontra un homme, qui se faisait appeler Beethoven. C'était un professeur de piano, qui avait trouver La Perle. A ce moment-là, son surnom était La Perle. Une complicité étonnante s'installa dès lors qu'elle prit des cours de piano avec Beethoven. Malheureusement, à une des représentations d'Adèle, Beethoven mourut. Elle se renferma sur elle-même. Toute pâle, on la voyait déambuler à côté du piano. Elle fredonnait La Lettre à Elise tout le temps, et même dans son sommeil. Alors, elle devint L'Effrontée. Et maintenant, elle veut rejoindre l'oiseau. Elle s'envola. Prit son envol. C'est fini. Tous ces surnoms idiots, ses larmes d’effroi, ses peurs et ses craintes . Ma sœur est en paix avec elle-même. Et ils avaient raison. C'est un ange.